Les cadets depuis quelques années, ont aidé au renforcement de ce label (allez, n'hésitons plus). Les juniors, dans un contexte « socio-sportif » ultra délicat, étayent l'édifice. Les séniors, même lorsqu'ils sont au fond du trou, drainent la même image. Y aurait-il un fluide maintenu au-dessus de nos têtes par les André, Albert, Lucien, Pierre, Jean-Michel et consorts ? Notre jeu fait des envieux. Les éducateurs de mômes, les entraîneurs de grands, les autres joueurs. Cette prise de risque au large si décriée par ci, si admirée par là, serait-elle le fruit d'une insouciance latine, comparée à la rigueur froide des anglo-saxons ...

ou à la vision réduite et réductrice des partisans du « tout droit et tout devant » ? Ou bien, serait-elle la volonté d'un inconscient collectif à occuper, peut-être à outrance, cette largeur du terrain au bout de laquelle,

et le rugby est bien le seul sport collectif de notre environnement à nous le permettre, l'espace de marque est total, aucunement composé de zones interdites ? En y regardant de plus près, on peut s'apercevoir qu'au-delà de tous les changements qui sont intervenus dans le paysage rugbystique, la passe au large, la plus délicate, a toujours été à l'ordre du jour.

A partir du moment où elle reste un moyen pour parvenir au but, et non un but en elle-même, son rôle est toujours déterminant autant dans la recherche de pénétration de l'espace adverse que dans les objectifs de formation du jeune joueur. Que les « petitous » fassent l'admiration de bien des spectateurs les samedis sur les pelouses du département, ou qu'on s'entende dire à propos des plus grands qu'ils mettent le feu partout, ou encore que les cols bleus puissent être un lieu de cure où l'on apprend ou réapprend à passer le ballon sur un pas, tout ceci peut laisser perplexe... Pourquoi n'en sommes-nous « que » là ? Et pourtant. Pourtant il y a quelque chose de réel dans toutes ces remarques.

 Réjouissons-nous des appréciations qui sont faites à notre sujet. La reconnaissance, en tant que bonne réputation, lorsqu'elle émane de la bouche de l'adversaire,

a certainement quelque chose de fondé. Mais dans une perspective de recherche de qualité de jeu et d'efficacité, nous devons tenir compte de ce qui se fait de différent ailleurs pour mieux nous orienter vers une conception du jeu plus large donc plus adaptée aux structures défensives de plus en plus organisées et hermétiques, y compris à notre niveau. En un mot, veillons à ne pas verser dans l'arrogance.
                                                                                                             Jean Trenet


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